Rousseau, qui fut également copiste musical, rêvait de présenter l'univers des plantes avec le moins de mots possibles, en une sorte de pasigraphie végétale éloignée des longues descriptions "à la Linné". De cette même volonté d'économie sont nés les contrepoints herbacés enluminant les extraits des cinquième et septième promenades des "Rêveries d'un promeneur solitaire". Les mots de Rousseau font écho aux herbiers vivants d'Ariane Blanc-Quenon dont les planches inédites de ce blog offrent un aperçu. Cette partition à deux voix rend hommage à l'écrivain botaniste dont on fête en 2012 le tricentenaire de la naissance. Chaque nouvelle parution invite à la rêverie, quelque part entre Môtiers et Baulmes réunis pour la circonstance.

D'herbe en herbe


Je ne cherche point à m'instruire: il est trop tard. D'ailleurs je n'ai jamais vu que tant de science contribuât au bonheur de la vie. Mais je cherche à me donner des amusements doux et simples que je puisse goûter sans peine et qui me distraient de mes malheurs. Je n'ai ni dépense à faire ni peine à prendre pour errer nonchalamment d'herbe en herbe, de plante en plante, pour les examiner, pour comparer leurs divers caractères, pour marquer leurs rapports et leurs différences, enfin pour observer l'organisation végétale de manière à suivre la marche et le jeu de ces machines vivantes, à chercher quelquefois avec succès leurs lois générales, la raison et la fin de leurs structures diverses et à me livrer au charme de l'admiration reconnaissante pour la main qui me fait jouir de tout cela. Septième promenade.